Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – AVRIL
AVRIL
Le terme « avril » vient du latin « aperire » qui signifie « ouvrir ».
Effectivement, tout s’ouvre … les bourgeons, le ciel, la forêt, les fleurs …
Selon Ovide, c’est à Aphrodite qu’il doit son nom, lorsqu’aux premières douces brises elle dévoile sa beauté.
Avril est un temps d’enchantement, de retrouvailles aux sources de l’enfance, de liberté cueillie aux deux notes mystérieuses et sacrées du coucou.
On sort les outils : plantoir, bêche, binette. Il y a du travail à faire !
Dans les prés, les pâquerettes guident les cloches et les courses aux œufs.
Petite fleurette de l’oracle, la pâquerette répond par son dernier pétale à la question de qui l’effeuille, soit pour les amours, l’avenir, la profession, c’est selon …
Si on jette en l’air ses pétales en essayant de les rattraper sur le dos de la main, le nombre récupéré prédit combien viendront de berceaux.
Les primevères ressemblent à des fleurs de dessin animé et le magnolia tend ses ramures étincelantes d’étoiles éclatées.
Alors on se dit : « c’est le paradis ! »
Cerisiers, pommiers, pruniers sont comme un mirage de blancheur et de pureté que l’on peut retrouver dans les lieux bienheureux où vivent les fées.
L’ail des ours tapisse les sous-bois frais et les jardiniers du Petit Peuple font grand cas de ses effets. Ils l’utilisent en friction avant chaque rencontre charnelle.
Sur les talus apparait la mystérieuse euphorbe, fleur préférée de la fée Morgane. Elle chasse les démons et son suc blanc brûle les verrues.
« Fleurs d’avril ne tiennent qu’à un fil » …
Les gelées peuvent revenir et la lune rousse lorgne, pas bien loin !
Cette lune qui monte et rayonne durant quatorze nuits si méchamment que son onde glacée enveloppe campagne et jardins et brûle et gèle et tue tout ce qui éclot, croît et bourgeonne.
C’est celle que le cultivateur craint le plus et cette peur nous vient du temps des grimoires.
On ne date plus ces âges-là qui remontent au-delà des « il était une fois ».
« En avril, ne te découvre pas d’un fil » …
Pourtant, les mammifères perdent leur poil d’hiver, les cerfs mâles arrachent leur ramure !
« Coucou coucou ramène le temps doux » …
Le coucou est ce drôle d’oiseau qu’on prétend à la fois bienfaiteur et prédateur.
S’il ne chante pas comme les autres, c’est qu’il se contente d’être un simple et modeste messager.
Pour certains, il est l’oiseau du renouveau et du renoncement. Voilà pourquoi il ne bâtit pas de maison et vit de mendicité.
Pour d’autres au contraire, il est le pirate paresseux qui parasite les nids et jette les occupants par-dessus bord, en ne répétant que deux notes, parce qu’incapable d’en apprendre plus.
Avril voit revenir l’escargot, sa maison sur le dos et son chemin luisant sur l’herbe tendre du matin.
Peut-être croisera-t-il la Parisette, une très jolie fée, d’une beauté naturelle et sauvage, gaie comme un pinson, aimée du Petit Peuple des bois dont elle est la bienfaitrice et de ceux qui s’y promènent.
Elle sauve les bûcherons et les jeunes gens que les sorcières de l’hiver ont tourmentés.
La coutume des œufs de Pâques est fort lointaine.
Pour les anciens, l’œuf était le symbole de la fécondité et jouait un grand rôle dans les fêtes de printemps, notamment chez les Celtes qui ne manquaient jamais de célébrer l’an nouveau (avant qu’il ne soit en janvier) en mangeant des œufs peints en rouge, couleur de la vie.
On disait en Bourgogne que les œufs pondus durant la semaine sainte pouvaient éteindre les incendies et servir de porte-bonheur mais que ceux du vendredi renfermaient des crapauds-serpents fort dangereux.
Samedi saint marque le grand retour des cloches de leur voyage à Rome. Ce sont elles qui sèment œufs, poules, lapins et poissons en chocolat, enveloppés de papier brillant.
Dimanche, l’agneau pascal mijote dans la marmite.
On a dressé la table, sorti les bouteilles, c’est la fin de la semaine maigre et le temps suspendu aspire à l’harmonie.
En mai, la permission de faire ce qu’il nous plait nous est accordée, aussi, nous partirons à la rencontre des royaumes enchantés, des elfes et elfines, des lutins, des fées et autres farfadets.
Nous voyagerons en Brocéliande sur les pas de Merlin, en Pixieland, en Fairyland ou tout simplement au fond du jardin, derrière la haie, en eaux douces, à la montagne ou à la mer.
Nous suivrons en toute discrétion les traces laissées par le passage du Petit Peuple et ces explorations, vous le verrez, nous réserveront bien des surprises …
Carte blanche à Marie-Pierre Musseau : la couleur dans tous ses éclats
PEINDRE
La vie est une invitation à la peinture : peinture à l’eau, à l’œuf, à l’huile …
Peinture sur les murs, sur les objets, peinture sur toile ou sur papier.
Toute la peinture.
Les couleurs ont l’âge de la planète.
Coloriées naturellement par l’oxyde de fer ou de manganèse durant des milliers d’années, les terres ocres, ombrées ou verdâtres serviront à celui ou celle qui les transformera en bouillies, allongées d’eau, de salive ou d’urine pour rehausser le dessin d’un renne ou d’un bison.
Dès le commencement, la peinture contient en germe les procédés qui lui permettront de se réaliser au cours des temps à venir.
Bien avant la venue de l’écriture apparaissent les premières traces de peinture sur les parois des grottes (Lascaux, Chauvet et autres …) et aussi sur des objets.
Depuis des millénaires, les gestes du peintre circulent d’un groupe à un autre, d’une époque à l’autre, de regard à regard, d’atelier en atelier, de maître à élève, de fresques en tableaux, d’enluminures en aquarelles, de carnets en codex et de livres en manuels.
Ces informations sont arrivées jusqu’à nous et nous voulons les transmettre à notre tour.
Pour peindre les chevaux, les bisons, les félins sur les grottes, l’homme de Lascaux a utilisé des outils qui lui ont permis de poser des matières sur les parois.
Ces figures englouties par le temps puis redécouvertes nous montrent que l’imaginaire des premiers hommes contient toutes les composantes de la représentation : traits, dessins, dégradés, reliefs sont déjà présents.
Pourquoi ne pas remettre à jour le temps des crayons de couleur et de la première boîte de peinture ?
Peindre est un moyen d’expression que chacun peut acquérir.
Pour cela, nous devons faire taire les inhibitions et inciter le regard et la main à vivre ensemble.
Essayons le dessin, aiguisons notre vision, nos erreurs et maladresses prendront un tout autre sens.
Les effluves de térébenthine et autres résines aux pouvoirs étranges, loin d’être toxiques, révéleront à ceux qui les côtoient que le monde est à peindre…
26 février 2021
COULEUR
La couleur est créatrice d’émotions, sa découverte est un fabuleux voyage.
Elle nous procure la joie de retrouver le vert des premières pousses du printemps, le jaune de quelques gouttes de citron transparentes et rayonnantes, le ciel bleu après la pluie.
Elle peut donner des sensations de froid comme dans une pièce entièrement recouverte de carrelage blanc.
Regarder le monde du point de vue de la couleur, voilà qui ouvre des perspectives sur la beauté des choses.
Un seul soleil et jamais la même lumière. Les couleurs se métamorphosent à vue d’œil, les rouges prennent de la profondeur, les jaunes s’adoucissent, les bleus se confondent un instant avec le ciel, les magentas tirent sur le mauve et finalement, les ampoules électriques s’allument et une autre ville apparaît.
Le noir est la couleur séduisante et sensuelle de la nuit entre les étoiles. Dans sa familiarité, il peut nous paraître étranger, parce que, discrètement présent derrière le rideau de la lumière, il ne dit pas grand-chose mais quand il élève la voix, il a de la répartie.
La table de l’été est couverte de couleurs éclatantes.
On trouve dans les assiettes de croquants petits pois verts au côté de vives carottes orangées.
Les couleurs des fruits se déclinent en nuances de rouges et d’orangés : abricots, melons, pêches, framboises et fraises.
De quoi exciter papilles et pupilles !!!
Notre personnalité et notre histoire prennent part à notre appréciation des couleurs de même que celles-ci ont un pouvoir sur nos âmes et nos comportements.
3 décembre 2020 Les ambivalences du jaune
En occident, le jaune est la couleur la moins appréciée.
Tantôt attribut du pouvoir et de la richesse, tantôt le signe de l’exclusion et de la traîtrise.
A partir du Moyen Age, on compare le jaune à l’or et l’or remporte tous les suffrages : il est lumière, joie, vie, puissance et richesse.
Le jaune à côté semble éteint, passé. Il ne lui reste que les symboles des couleurs perdues, fanées, de l’automne et de la maladie.
Dans les temps médiévaux, le jaune était signe de rejet et de trahison : couleur de la robe de Judas et des maris trompés.
C’est à partir de la Renaissance qu’il revient peu à peu dans les maisons.
Il est apprécié pour ses propriétés lumineuses et vives, il réchauffe une décoration et apporte de la lumière.
Il est très à la mode sous l’Empire.
A la fin du XIXème siècle, le jaune réapparait sous ses nuances les plus éclatantes avec la pratique des peintres impressionnistes.
On se souvient des jaunes de Van Gogh (La maison jaune) et de Gauguin (Autoportrait au Christ jaune).
En Inde, le jaune est la couleur par excellence, associée au bonheur conjugal.
C’est aussi la couleur du bouddhisme : Bouddha avait imposé des vêtements teints au safran en signe de renoncement au monde et interdit certaines couleurs comme l’indigo, marqué de connotation négative en Asie.
En Chine, le jaune, autrefois réservé à l’empereur et aux princes de sang, tant pour leurs vêtements que pour les tuiles qui recouvraient leurs palais, est toujours la couleur préférée des Chinois.
20 novembre 2020 PARLONS DE L’OR
L’or est la substance de la royauté, la couleur de la vénération et vénéré lui-même.
A la différence de l’argent et des autres métaux, il est ensemble aux années qui passent, ne se ternit pas et ne perd rien de sa splendeur.
Une partie de son attrait réside dans sa rareté et sa répartition inégale sur la planète.
Les artisans du Moyen Age fabriquaient leur or en martelant assidûment des pièces de monnaie, les transformant en des feuilles d’une extrême finesse d’environ 8,5 cm de côté.
Un bon batteur pouvait obtenir jusqu’à 100 feuilles d’un seul ducat, monnaie en or de l’Italie médiévale.
Les batteurs professionnels du XXème siècle mesuraient encore le poids de la feuille d’or grâce au ducat.
Le dernier batteur d’or de France a cessé son activité en 2018 après 184 ans, faute de repreneur.
Après application de l’or sur une substance collante, un mordant, il faut se livrer à une opération de brunissage pour que le métal brille.
Pour ce faire, on utilise une pierre d’agate. Dans les temps médiévaux, on employait des dents de chien, de loup, de sanglier ou de chat pour les petites surfaces.
L’or n’est pas toujours étalé en feuilles, il est aussi utilisé comme pigment, en poudre : l’or est dit « en coquille » parce qu’au Moyen Age, il était placé dans des coquillages ou des coquilles de moules.
La poudre est obtenue après un long procédé de broyage des feuilles au doigt, liées au miel.
La technique de peinture à l’or ou chrysographie permet d’obtenir des effets stupéfiants.
17 octobre 2020 Histoire d’une couleur : SANG-DE-DRAGON
« Les éléphants sont en guerre continuelle contre les dragons qui désirent leur sang car il est très froid.
Etendu, le dragon attend l’arrivée de l’éléphant puis, de son immense queue, il enlace ses pattes arrière.
En s’effondrant, le pachyderme écrase le dragon gorgé de sang, si bien que leurs sangs se mêlent et par le froid se figent en une substance que les apothicaires qualifient de « Sanguis draconis », le sang-de-dragon ».
En réalité, le sang-de-dragon est une résine rouge grenat tirée du « Dracaena cinnabari » un arbre nommé dragonnier de Socotra.
Cette substance fut employée comme colorant mais aussi en médecine et en alchimie.
A titre médical, elle permit de soigner des problèmes de peau, des fièvres et des diarrhées rebelles à d’autres traitements plus classiques.
En tant que colorant le sang-de-dragon servit à teinter des vernis, fut appliqué sur l’or pour lui donner un aspect rouge.Il fut aussi utilisé par Stradivarius pour teinter ses violons et par les ébénistes pour colorer leurs laques.
C’est un matériau venu du fond des temps, utilisé en enluminure aujourd’hui encore mais rare et cher.
Suivez les aventures du Phénix…
Il se pare de toutes les couleurs et vous en dévoile les sens cachés
20 mai 2020
Phénix s’est octroyé un fond clair ce soir
Cette teinte un peu rosée se nomme « incarnat ». Elle a longtemps été considérée comme « second couteau » dans l’histoire des couleurs. On l’utilisait pour peindre les visages, la chair.
Au 15ème siècle, l’incarnat devient une couleur à la mode chez les teinturiers grâce à l’importation du bois de brésil et les nobles se parent volontiers de vêtements roses. Le terme « rose » n’apparait qu’au 16ème siècle.
7 mai 2020
Phénix aujourd’hui a choisi un fond rouge.
Dans les temps reculés du Moyen Age, le contraire du blanc était le rouge. Dans cette couleur, les teinturiers étaient particulièrement performants grâce à une plante, la garance qui poussait alors un peu partout. Pour obtenir des teintes de rouge encore plus prestigieuses, ils utilisaient la femelle du kermès (cochenille) mais les prix étaient exhorbitants.
La plus belle robe était rouge, la robe de mariée aussi était rouge …
6 mai 2020
Aujourd’hui Phénix se pare de noir.
Belle histoire aussi que celle du noir.
A Moyen Age finissant, les couleurs chatoyantes sont refusées aux riches. En guise de protestation, ils demandent aux teinturiers de faire des progrès dans la gamme des noirs, notamment en Italie du nord.
Les grands personnages de la cour de France imitent la cour italienne puis, vers 1455, le plus puissant prince d’occident, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, décidera de se vêtir définitivement de noir. Noir de luxe mais aussi noir de deuil pour porter le deuil de son père, Jean sans Peur. Son fils Charles le Téméraire fera de même puis les habitudes de la cour de Bourgogne gagneront la cour d’Espagne qui lancera les modes.
.
29 avril 2020
Ce soir, Phénix a choisi de se poser sur un fond bleu ..
Bleu, couleur préférée des occidentaux depuis le 13ème siècle.
Bleu, entre azur et outremer, issu d’un minéral semi précieux, le lapis lazuli, plus prisé et plus cher que l’or dans les temps anciens.
Bleus de la guède, plante tinctoriale d’où est issu le pastel, bien connu des Albigeois.
Bleu élégant de l’indigotier aux tendances violines …
BLEU … Poème de Marie-Pierre Musseau 2020 Je veux du bleu
A manger, à croquerJe veux me blottir
Dans les bras d’émeraude Vaste déesse
Aux doigts enchâssés
De turquoise veinéeJe veux du bleu d’indigo A la chair violetteJe veux du bleu-vert Coussinets d’auroreJe veux
Des fonds bleu de nuit Fleurissement d’étoilesJe veux
Des bleus délavés
Berceaux des yeux chagrinés
Des chardons de lune Soulevant la dune
Des améthystes de principe
Je veux
De la craie
Pour gommer les traits
28 avril 2020
Jean-François, qui se reconnaitra, a permis à mon Phénix de se reposer sur de belles couleurs toutes différentes, que je vous présenterai au fil des jours …
Commençons par le vert, couleur de la jeunesse, de l’espérance, de tout ce qui change dans les temps médiévaux.
Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – MARS
MARS
Vous souvenez-vous de ces gentils baromètres en forme de maisonnettes en bois peint, aux volets verts fleuris de géraniums d’où sortaient, à l’annonce du mauvais temps monsieur avec un parapluie ou bien madame et son ombrelle lorsqu’il allait faire beau ?
En mars, de giboulées en giboulées, ils devenaient vite endiablés
La flore réveille les sous-bois, reverdit les prés et le jardin se couronne de jonquilles.
Les fleurs de mars, nées du réveil des fées ne durent pas longtemps.
La toute première, celle du renouveau est la primevère et sous son air modeste, elle cache de grandes responsabilités.
Elle est la clé, celle qui ouvre la porte au printemps et fait entrer les beaux jours.
La violette, quant à elle, renferme des secrets et son parfum influence les rêves divinatoires.
Les celtes en faisaient l’emblème de l’innocence.
Pour fêter le réveil du printemps, le forsythia entre en scène et ses bouquets d’éclats d’or règnent sur la nature encore toute chiffonnée et grelottante.
Celui qui porte sur son cœur une de ces fleurettes connaitra des nuits merveilleuses.
Bois, bosquets, collines et vallées, champs et campagnes se réaniment.
En même temps que le ruisseau se libère de ses eaux figées, il y a dans le profond de l’air un harmonieux remous de sons.
Au caquetage de la poule de basse-cour répond de très haut le salut de l’oie sauvage, messagère entre le ciel et la terre, mère du jeu de l’oie, lumière de la connaissance, protectrice de la maison et de la ville.
Les lièvres cabriolent, le grand cerf dépose sa couronne pendant que s’affairent taupes et hérissons.
Le joli pivert, habit vert, gilet jaune, col blanc, calotte rouge et noire annonce le printemps en frappant sur les troncs.
Quant à la lune, c’est en mars qu’elle est toute puissante, une belle de nuit !
Mais attention !!!
Lorsqu’une femme se dénude à la lune montante, elle s’expose à être fécondée par l’esprit de la lune et l’enfant à naître sera moitié homme, moitié elfe.
Il percevra l’invisible, le passé, l’avenir et fréquentera les fées, comprendra le langage des animaux.
Ses sentiments s’extérioriseront par la pluie et le beau temps.
Il faut savoir que la lune est en vérité une tarte dorée et bien ronde, confectionnée par une fée avec le lait de la Voix Lactée et la farine des nébuleuses.
Une fois cuite, c’est un lutin surgi de son trou qui s’en régale. D’un bel appétit il la grignote, quartier par quartier, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre et les miettes qu’il laisse retomber de ce festin forment les étoiles et les petites constellations.
Les saints de mars sentent venir de loin le printemps, comme Joseph, patron des charpentiers et des menuisiers.
On dit de lui qu’il marie les oiseaux.
Le 17 mars, toutes les communautés irlandaises du monde entier célèbrent Saint Patrick avec force chopines !!!
On le dit inventeur de l’uisge beatha, terme gaélique qui désigne l’eau de vie, autrement dit, le whiskey des celtes.
Du grand Saint Patrick à la petite bête à Bon Dieu, il n’y a qu’un pas.
Toute ronde et coquette, la coccinelle apporte le bonheur quand elle se pose sur une personne et le nombre de points comptés sur son dos indique le nombre d’années qu’il durera.
C’est avec le papillon l’insecte préféré des enfants.
Si quelqu’un a aidé un jour Petite Nicole (autre nom familier de la coccinelle en Bourgogne) à s’envoler, à devenir ange, là-haut, près du Bon Dieu, elle lui gardera sa place au paradis…
Le tableau de cet article Berthe Morisot – Jonquilles – 1885
Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – JANVIER
JANVIER
Saturne, pour remercier Janus le pacifique de l’avoir sauvé des foudres de Jupiter et accueilli dans son royaume, lui offrit le pouvoir de connaitre le passé et l’avenir.
De ce fait, on le représente avec deux visages : l’un regarde l’année qui s’en va et l’autre celle qui vient.
De sa main droite, il tient la clé avec laquelle il ouvre le nouvel an.
Dorénavant, il est le père Janvier : un bon pépère entre le père Noël, le père Temps et le père Hiver.
Sa plante, c’est le gui.
Il affectionne particulièrement ce rameau qui pousse entre deux mondes, entre ciel et terre, suspendu dans l’espace et le temps.
On dirait le nid mal fagoté d’un oiseau bizarre !
Les dieux des temps anciens l’ont semé sur les branches et pour les druides, il possède toutes les lumières de l’enchantement et se prête magiquement à de multiples guérisons.
Le gui protège de la foudre, chasse les sortilèges, favorise les amours sincères et l’accomplissement des rêves.
Janvier est un sédentaire, inventeur de la veillée, des anecdotes du vieux temps, des contes, ce langage universel des esprits, du shaman et du barde.
La mémoire des contes perpétue l’alliance avec la faune, la flore et l’âme cachée des choses de la nature. Elle parle de sagesse …
En janvier, commère Pluviôse, aidée par la fée aux yeux verts et les lutins roux, provoque les ondées.
« Si vous voyez un chat assis sur une fenêtre lever la patte pour la passer au- dessus de l’oreille, alors ne doutez pas qu’il pleuve ce jour-là » affirme Dame Mehaut de Caillotte*, qui attendra le lendemain pour étendre sa lessive.
Parfois, sur la colline, le Petit Peuple pose un chaudron pour montrer que la coupe est pleine !
Pourquoi vouloir chasser la pluie se dit le père Janvier si ce mois lui est destiné ?
Elle chante, murmure, berce, raconte les paysages secrets du ciel et fait chanter les toits.
En s’évaporant, elle conduit les rêves au paradis et mêlée aux rayons du soleil trouve l’arc en ciel.
Elle est purificatrice et la maison nuptiale, touchée par son aile, connaitra bonheur et abondance.
Janvier est un mois de repli et sous son ciel refermé, peu de plumages, de poils et de fourrures se hasardent dehors.
On dirait que l’hiver a emporté ailleurs ses animaux.
Le jardin, tout en terre, en mottes et en rigoles, n’offre peut-être pas le plaisir des abondances florales ni les utilités du potager mais il ne meurt jamais. Il est une permanence que les saisons incarnent.
Les druides coupant le gui saluaient l’an neuf en criant : « E gui na ne » (au gui l’an neuf)
Faisons de même !
*Dame Mehaut de Caillotte est l’une des six sages doctoresses que l’on retrouve dans un manuscrit de 1480 publié à Bruges, les Evangiles des quenouilles.
Elles se réunissent pour disserter à tour de rôle sur ce qui compose leur vie quotidienne, notamment les dictons et les croyances.
L’image de cet article – Miniature de l’ouvrage Les Très Riches Heures du duc de Berry et peinte par Paul de Limbourg.
Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – DECEMBRE
DECEMBRE
Dans l’antiquité, on n’attachait pas trop d’importance à décembre, il n’était que le 10ème mois de l’année qui, elle, finissait en février. Lorsque fut modifié le calendrier et qu’il put se vanter d’être le dernier, il conserva son nom de « december », le 10ème.
Que nous cache- t-il donc ce mois au paysage morne, au ciel bas, lorsque les pâles rayons d’un soleil sans forme se hissent à peine au-dessus de l’horizon ?
Décembre c’est Noël et le retour de la lumière !
Pas de Noël sans houx.
Ses feuilles, d’un vert éclatant, symbolisent la vie éternelle et leurs pointes acérées chassent les sorciers, l’orage et les cauchemars.
Quant à ses baies rouges et brillantes, elles sont le sang de la vie.
Il résiste à tout, le houx : au froid, à la pluie, à la neige, aux morsures du soleil.
C’est un arbre magique, ami des druides et des fées. Il garde en forêt de Brocéliande l’arbre de Merlin.
Les anciens mêlaient ses rameaux à ceux du sapin pour fêter le solstice.
Roi des forêts, le sapin est associé aux déesses sylvestres et à la fertilité. Pour qu’un couple demeure uni et fasse de beaux enfants, on plantait un sapin devant la maison le jour du mariage.
Durant l’Avent, les branches de sapin, touchées par les fées de Noël durant leur voltige, se changent en or.
Décembre sera-t-il sous la neige ?
Magique, elle transforme en une nuit le paysage quotidien en un décor tombé du ciel, d’un autre ciel, celui du Père Noël, des héros des livres d’images de l’enfance.
Chaque flocon contient un bonheur. La neige offre à la flore endormie et aux semences une douce pelisse.
Dans le paysage enneigé de Noël, de petites boules de plumes sautillent et volettent d’arbre en arbre et autour des maisons.
Les mésanges, bleues, huppées, charbonnières, houppettes, sont très bavardes, utiles, gaies et familières. On leur dit l’art de tricoter les bas.
Le ruban rouge que le rouge-gorge porte accroché à sa poitrine est une décoration bien méritée.
Il l’a gagnée en essayant d’éteindre le brasier de l’enfer à l’aide des gouttes d’eau qu’il allait chercher dans la mer.
En décembre, les rêves des enfants osent, le merveilleux dispose.
Le Père Noël ne peut pas être autrement que celui que nous imaginons depuis des siècles, toujours barbu, parfois petit, de la taille d’un lutin, habile à passer par la cheminée ou grand et gros comme un ogre gentil.
Ses rennes s’appellent Fougueux, Danseur, Fringant, Grincheux, Comète, Cupidon, Furieux et Lourdaud.
En vérité, cela fait des calendriers et des calendriers qu’il est en chemin.
Enfin, on dit qu’au dernier soir de décembre, la vieille année va rejoindre ses sœurs aînées dans un pays où se trouvent les vieilles lunes.
Cette nuit de passage doit être heureuse car elle détermine le devenir des douze prochains mois. Il faut éviter disputes et tristesse.
En Bourgogne le 31 décembre, le grand-père emmenait ses petits-enfants souhaiter la bonne année aux arbres du verger.
Munis d’une petite mèche de paille allumée, ils allaient frapper au pied de chacun d’eux en disant : « bonne année de poires, de prunes, de pommes… » suivant celui auquel ils s’adressaient.
Quant aux fées et autres petits peuples de la nature, ils regardaient avec amusement toutes ces festivités car pour eux, l’année ne commençait que le 1er mai.
Le tableau de cet article Alfred Sisley – L’hiver à Louveciennes – 1875
Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – NOVEMBRE
NOVEMBRE
Novembre est le mois mort, le mois sombre, le mois noir comme disent les Bretons, mais le noir n’est pas un défaut !!
Novembre est pareil à une vieille récitation qu’on oublie au grenier des mémoires, sans se soucier que ses mots, ses images et ses couleurs continuent d’exister sous la couverture défraîchie.
Au fond des jardins, les feuilles, imprégnées d’odeurs automnales, répètent en secret les formules du printemps.
Gardienne des lieux sombres, la mousse appartient au peuple solitaire des nains minuscules.
Son éternelle verdure est un reflet d’été.
Celle qui pousse sur les toits protège la maison.
Celle qui croît sur les chênes donne à voir l’invisible.
La campagne est presque silencieuse et la faune ne se montre guère, tapie dans ses gîtes et ses terriers.
Dans les bois désertés de novembre se pavane, en costume d’apparat, le vaniteux faisan, annonçant son passage à grand coup de trompette.
Faisons une croix sur les vergers, il n’en reste rien.
Les pluies et les vents ont dépouillé bois et forêts mais le chêne garde fière allure et redresse sa tête couronnée de nuages.
C’est un donjon, un refuge, un lieu sacré qui protège, exauce les vœux, soigne les maladies.
Le chêne, c’est aussi une gigantesque bibliothèque tant ses fibres renferment de secrets, de confidences et de récits, d’histoires et de croyances, de contes et de légendes.
Le tableau de cet article –La ferme près de Duivendrecht – Piet Mondrian – 1916
Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – OCTOBRE
OCTOBRE
De même qu’on ne peut dater exactement le moment où le Moyen Age a laissé sa place à la Renaissance, il y a encore en octobre des journées de septembre.
Les liens de parenté des saisons les obligent à de mystérieux arrangements.
Toutefois, on sait que les jours se font plus courts et que l’hiver est en route.
De somptueux artifices se déploient et les frondaisons, avant de s’effeuiller, s’empourprent.
Ici, un feu follet saute de branche en branche, toujours en mouvement, habile à se déplacer, petit écureuil au minois rusé, aux oreilles en pointe, à la silhouette fuselée.
On le dit né du croisement d’une renarde et d’un lutin et on en fait aussi le compagnon des fées.
Occupé à amasser de copieuses quantités de noix et de noisettes, il part à la recherche d’un douillet refuge pour se protéger des grands froids à venir.
Là, un petit garnement, pas pressé de rentrer, ivre de jus de pomme et de toutes sortes de baies : le lérot.
Comme abri pour passer les mauvais jours, il a choisi le grenier où il pillera les réserves.
Il y mènera un tel tapage que les habitants inquiets croiront leur maison hantée !
Octobre, c’est le temps des labours.
Pour qu’il puisse faire son travail dans de bonnes conditions, le laboureur doit maintenir de bonnes relations avec le petit peuple des esprits des champs et des haies.
Il ne faut jamais oublier de laisser un petit coin herbu pour que les fées puissent venir danser et pour qu’à la belle saison, les oiseaux, la petite faune et les papillons y trouvent de quoi se nicher, picorer, grignoter, butiner …
Le tableau de cet article – Paysages d’automne – Vincent Van Gogh – 1885
l’Art de l’Amour au Moyen-Age
Succès pour la Causerie sur l’Art de l’Amour au Moyen-Age par notre Enlumineresse Marie-Pierre Musseau dimanche 11 octobre à 15h, à l’ancienne Mairie de Saint Rémy : merci à Marie-Pierre !
Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – SEPTEMBRE
SEPTEMBRE
Derrière ses fastueuses richesses et ses parures festives cache l’arrivée sournoise des mois frais.
Il se montre souvent comme un second printemps.
Les grosses chaleurs de l’été se sont adoucies, les lumières se tamisent et sur tous les horizons, les frondaisons déploient des merveilles.
C’est le temps de la noisette, fruit de la sagesse et de l’immortalité dont les druides absorbaient la liqueur, obtenant ainsi leurs pouvoirs prophétiques.
On dit de la noix qu’elle est le fruit d’un arbre ténébreux, autour duquel rien ne pousse et que là où il y a beaucoup de noyers, il y a beaucoup de sorcières.
Une fois vidées de leurs fruits, les coquilles sont utilisées par les fées en guise de berceaux et de nacelles.
Plante sacrée et bienfaisante, le lierre, porté en bracelet, assure la fidélité aux amants et sa ceinture éloigne les douleurs de l’âge.
A cette époque de l’année, ses pouvoirs sont grands.
Septembre, c’est le dernier moment pour apercevoir le petit peuple minuscule, familier des mousses et des lichens.
Discrètement, il profite d’une dernière ronde avant de regagner ses trous, fissures et crevasses.
Pour l’observer, il est recommandé de se servir d’une loupe, de rester silencieux, immobile et de se vêtir de branchages.
Le 20 septembre, c’est la Sainte Eustache …
On prétend que c’est parce qu’il y a de moins en moins d’Eustache que le monde est malade car « en priant St Eustache, tous les maux se détachent ».
La photo de l’article – Vitrail de la vie de Saint Eustache – Cathédrale Notre Dame de Chartres
Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – AOUT
AOUT
Le paysage est vert et or, le soleil mûrit le grain à point.
Tout au début des temps, le créateur, voyant de là-haut les hommes se massacrer pour un cuissot de porc sauvage, décida de descendre sur terre pour apaiser leur faim et leurs instincts belliqueux.
Ce faisant, il ouvrit la main puis la referma. Lorsqu’il l’ouvrit à nouveau, elle contenait une poignée de grains de blé qu’il lança à la volée et d’un mouvement de pied les mélangea à la terre, les y enfonça et les bénit.
Au même instant surgit à perte de vue un champ de blé doré, un blé sacré, dont on fait l’hostie et le pain de tous les jours.
En août, c’est le moment des myrtilles.
Dans le secret des bois, de petites baies noires juteuses et sucrées se multiplient, comme échappées d’un chapelet.
On y voit mieux, plus clairement même dit-on en les mangeant.
Les enfants savent qu’avant d’en goûter une, ils doivent déposer les deux premières sur une pierre pour obtenir une abondante provision.
Consacrée à Vénus, la myrtille est un symbole de l’amour …
Chaque année, entre le 10 et le 15 août, autour de minuit, les étoiles filantes tombent en pluie, traversent la nuit comme des flèches de feu, celles que les archanges tirent sur les démons de toutes sortes, acharnés à vouloir envahir le royaume des dieux.
Ce sont de bien jolies et mystérieuses manifestations des légendes célestes !
On raconte aussi qu’elles annoncent la naissance des fées, on dit que les voeux que l’on parvient à formuler durant la brève vision de l’étoile s’accomplissent.
Sous la pluie lente des étoiles aoûtiennes, l’herbe s’illumine et s’étend plus loin encore que les imaginaires des temps reculés …
Le tableau de cet article Nature morte au tiroir ouvert – Cézanne – 1879