Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – DECEMBRE
DECEMBRE
Dans l’antiquité, on n’attachait pas trop d’importance à décembre, il n’était que le 10ème mois de l’année qui, elle, finissait en février. Lorsque fut modifié le calendrier et qu’il put se vanter d’être le dernier, il conserva son nom de « december », le 10ème.
Que nous cache- t-il donc ce mois au paysage morne, au ciel bas, lorsque les pâles rayons d’un soleil sans forme se hissent à peine au-dessus de l’horizon ?
Décembre c’est Noël et le retour de la lumière !
Pas de Noël sans houx.
Ses feuilles, d’un vert éclatant, symbolisent la vie éternelle et leurs pointes acérées chassent les sorciers, l’orage et les cauchemars.
Quant à ses baies rouges et brillantes, elles sont le sang de la vie.
Il résiste à tout, le houx : au froid, à la pluie, à la neige, aux morsures du soleil.
C’est un arbre magique, ami des druides et des fées. Il garde en forêt de Brocéliande l’arbre de Merlin.
Les anciens mêlaient ses rameaux à ceux du sapin pour fêter le solstice.
Roi des forêts, le sapin est associé aux déesses sylvestres et à la fertilité. Pour qu’un couple demeure uni et fasse de beaux enfants, on plantait un sapin devant la maison le jour du mariage.
Durant l’Avent, les branches de sapin, touchées par les fées de Noël durant leur voltige, se changent en or.
Décembre sera-t-il sous la neige ?
Magique, elle transforme en une nuit le paysage quotidien en un décor tombé du ciel, d’un autre ciel, celui du Père Noël, des héros des livres d’images de l’enfance.
Chaque flocon contient un bonheur. La neige offre à la flore endormie et aux semences une douce pelisse.
Dans le paysage enneigé de Noël, de petites boules de plumes sautillent et volettent d’arbre en arbre et autour des maisons.
Les mésanges, bleues, huppées, charbonnières, houppettes, sont très bavardes, utiles, gaies et familières. On leur dit l’art de tricoter les bas.
Le ruban rouge que le rouge-gorge porte accroché à sa poitrine est une décoration bien méritée.
Il l’a gagnée en essayant d’éteindre le brasier de l’enfer à l’aide des gouttes d’eau qu’il allait chercher dans la mer.
En décembre, les rêves des enfants osent, le merveilleux dispose.
Le Père Noël ne peut pas être autrement que celui que nous imaginons depuis des siècles, toujours barbu, parfois petit, de la taille d’un lutin, habile à passer par la cheminée ou grand et gros comme un ogre gentil.
Ses rennes s’appellent Fougueux, Danseur, Fringant, Grincheux, Comète, Cupidon, Furieux et Lourdaud.
En vérité, cela fait des calendriers et des calendriers qu’il est en chemin.
Enfin, on dit qu’au dernier soir de décembre, la vieille année va rejoindre ses sœurs aînées dans un pays où se trouvent les vieilles lunes.
Cette nuit de passage doit être heureuse car elle détermine le devenir des douze prochains mois. Il faut éviter disputes et tristesse.
En Bourgogne le 31 décembre, le grand-père emmenait ses petits-enfants souhaiter la bonne année aux arbres du verger.
Munis d’une petite mèche de paille allumée, ils allaient frapper au pied de chacun d’eux en disant : « bonne année de poires, de prunes, de pommes… » suivant celui auquel ils s’adressaient.
Quant aux fées et autres petits peuples de la nature, ils regardaient avec amusement toutes ces festivités car pour eux, l’année ne commençait que le 1er mai.
Le tableau de cet article Alfred Sisley – L’hiver à Louveciennes – 1875