Carte blanche à Marie-Pierre Musseau – les mois de l’année et leurs légendes – NOVEMBRE
NOVEMBRE
Novembre est le mois mort, le mois sombre, le mois noir comme disent les Bretons, mais le noir n’est pas un défaut !!
Novembre est pareil à une vieille récitation qu’on oublie au grenier des mémoires, sans se soucier que ses mots, ses images et ses couleurs continuent d’exister sous la couverture défraîchie.
Au fond des jardins, les feuilles, imprégnées d’odeurs automnales, répètent en secret les formules du printemps.
Gardienne des lieux sombres, la mousse appartient au peuple solitaire des nains minuscules.
Son éternelle verdure est un reflet d’été.
Celle qui pousse sur les toits protège la maison.
Celle qui croît sur les chênes donne à voir l’invisible.
La campagne est presque silencieuse et la faune ne se montre guère, tapie dans ses gîtes et ses terriers.
Dans les bois désertés de novembre se pavane, en costume d’apparat, le vaniteux faisan, annonçant son passage à grand coup de trompette.
Faisons une croix sur les vergers, il n’en reste rien.
Les pluies et les vents ont dépouillé bois et forêts mais le chêne garde fière allure et redresse sa tête couronnée de nuages.
C’est un donjon, un refuge, un lieu sacré qui protège, exauce les vœux, soigne les maladies.
Le chêne, c’est aussi une gigantesque bibliothèque tant ses fibres renferment de secrets, de confidences et de récits, d’histoires et de croyances, de contes et de légendes.
Le tableau de cet article –La ferme près de Duivendrecht – Piet Mondrian – 1916