Secrètes forêts …
Parmi les végétaux, les arbres ont occupé très tôt une place privilégiée.
Leur gigantisme ne pouvait qu’impressionner nos ancêtres, alimentant aussi mystères et légendes, aux quatre coins du monde.
Dans la plupart des civilisations, des arbres ont été vénérés.
Tout comme les ginkgos en Asie, les chênes en Europe ont joué un rôle important dans la vie sociale. La mythologie grecque leur a même attribué des vertus divinatoire.
Entrons maintenant dans la dimension sacrée de la forêt.
Comme nous l’avons précédemment, l’arbre est un pont tendu entre notre monde et l’autre, entre la terre et le ciel.
La nature se déploie devant nous telle une cathédrale et les arbres, puissants, en donnent la structure. Leurs troncs pointent vers le ciel, colonnes vivantes, auréolées de lumière, alors que leurs hautes branches se courbent, s’entrelacent et forment une voûte, dont la fresque végétale ravit notre regard.
La forêt est accueillante, nous nous sentons les bienvenus.
L’arbre représente une source d’inspiration de par ses formes, ses textures et les petits êtres qui y ont élu domicile.
Toutes les forêts sont habitées ! Elles abondent en flore, faune et petit peuple.
Où que nous allions, nous ne sommes jamais vraiment seuls. Une branche sert de perchoir à un oiseau ou à une fée, un trou devient le refuge d’un écureuil ou d’un elfe des bois.
De vieux troncs ruinés laissent parfois apparaître de jeunes pousses malicieuses qu’une sorcière enchante pour les encourager à grandir.
La forêt de Fontainebleau a la réputation d’être très ancienne et magique ! Elle a inspiré bon nombre de peintres, poètes ou écrivains et figure parmi les lieux incontournables de la France mystérieuse.
La forêt, c’est celle des mythes de la Grèce antique où Daphné se transforme en laurier pour fuir l’amour d’Apollon.
C’est celle de Philémon et Baucis, ce couple de vieillards métamorphosés par Zeus en un chêne et un tilleul entrelacés pour les remercier de leur hospitalité.
Pour eux, le temps et le mouvement s’arrêtent. Ensemble, ils demeurent et contemplent les changements du monde sans en être affectés.
Cette forêt, c’est aussi celle de la légende arthurienne où Merlin s’est intimement lié à la végétation, devenant arbre lui-même pour mieux s’unir à la fée Viviane.
Observez attentivement, un couple magnifique vous apparaîtra pour une union sensuelle et enivrante, bras-branches, jambes-racines et chevelures-feuillages entremêlés.
Oui le chêne de l’autre monde a le visage de Merlin et ses rides infinies écrivent les années de son règne.
Lorsqu’il se déplace, la forêt devient silencieuse et tous les arbres s’inclinent sur son passage. Les animaux, les oiseaux ne franchissent pas le cercle de son ombre.
Un rempart de houx aux feuilles tranchantes s’oppose à toute approche mais s’écarte lorsque la lumineuse Viviane vient s’endormir au creux de ses racines.
Ainsi s’estompe la frontière entre l’être humain et le végétal pour créer des êtres extraordinaires, nous offrant la part de rêve nécessaire pour faire face au monde inquiétant dans lequel nous vivons.
Marie-Pierre Musseau